vendredi 2 juillet 2010

La tête en friche

Il y a une quinzaine est sorti en salle le dernier film de Jean Becker "La tête en friche" tiré du livre éponyme de Marie-Sabine Roger. Je n'ai pas eu l'occasion d'aller voir ce film mais ma mère y est allée. A la fin du film elle m'a appelé et m'a dit :

- Tu ne devineras jamais où a été tourné le film.
- Où ça ?
- A Pons, dans le jardin public ! T'as pas vu l'affiche ?

Et là, une partie de mon enfance est revenue d'un coup. Bien sûr que j'avais vu l'affiche ! J'avais même souri devant ce couple que forme Gisèle Casadesus et Gérard Depardieu, deux acteurs que j'adore.


Vous voyez ce banc public sur lequel ils sont assis...
Et bien figurez-vous que 50 ans plus tôt, devant ce même banc, était prise cette photo...


Au premier plan, c'est moi et mon fiancé du moment. Mais regardez en arrière plan...voici le fameux banc.
Quelle émotion tout à coup. J'étais petite, pas encore 2 ans. Je vivais chez ma grand-tante maternelle et mon arrière grand-mère, à Pons en Charente Maritime. Mes premiers souvenirs datent de cette époque !

Alors j'ai eu envie de lire le livre.
Je vous le recommande chaudement en cette période de congés propice à la lecture.

Pour vous appâter, en voici un extrait...pour ceux qui veulent...

..." Toujours est-il que ce lundi - où j'ai rencontré Margueritte - je ne pensais pas au monument aux morts, j'avais d'autres projets. J'avais décidé d'aller m'acheter des semences et puis de passer par le parc en rentrant, pour compter les pigeons. C'est plus compliqué que ça en à l'air : on a beau s'approcher doucement, rien à faire, il faut toujours qu'ils volent, qu'ils s'énervent. Ils font un peu chier ces pigeons.
Si ça continue, je ne compterai plus que les cygnes. D'abord ça bouge moins et puis c'est plus facile : ils sont trois.
Donc Margueritte était assise sur ce banc, sous le tilleul, devant la pelouse. Quand j'ai vu cette petite vieille qui était du genre à leur jeter du pain pour les faire venir, ça m'a démotivé. Encore une journée foutue, j'ai pensé. Mon comptage d'oiseaux, je pourrais le remettre à demain. Ou à tout autre jour fixé par le Seigneur, à son aise. 
Compter les pigeons ça demande d'être tranquille, alors, si quelqu'un vient les agacer, autant laisser tomber tout de suite ! Ils sont sensibles aux regards, ces oiseaux. A un point, c'en est pas croyable ! Prétentieux, même, on pourrait dire. A peine on s'y intéresse, aussitôt ça sautille, ça vole un peu partout, ça gonfle le jabot...
Et puis non. Comme quoi, on se trompe. Sur les gens, le Seigneur, les vieilles et les pigeons.
Les piafs ne lui ont pas fait leur cinéma. Ils sont restés groupés, bien sages. Elle ne leur a pas jeté de miettes de biscotte en bêlant des peeetits-petits-petits !
Elle ne m'a pas dévisagé du coin de l'oeil, comme font les gens quand je compte.
Elle est restée très immobile. Mais juste au moment où j'allais repartir, elle a dit :
- Dix-neuf.
Comme j'étais à quelques mètres, je l'ai bien entendue. J'ai fait :
- C'est à moi que vous parlez ?
- Je vous disais qu'il y en a dix-neuf. Ce petit, avec une plume noire au bout de l'aile, vous le voyez ? Et bien, c'est un nouveau, figurez-vous. Il n'est là que depuis samedi.
J'ai trouvé ça plutôt fort : j'avais trouvé le même nombre qu'elle.
J'ai demandé :
- Vous comptez les pigeons, vous aussi ?
 Elle a porté la main à son oreille, elle a dit :
- Comment vous dites ?
J'ai gueulé :
- Vous-comp-tez-les-oi-seaux-vous-aus-si ?...
- Bien sûr jeune homme : je les compte. Mais c'est inutile de crier, savez-vous ? Il suffit de me parler lentement, en articulant bien...Enfin, assez fort malgré tout, si cela ne vous ennuie pas !...
De m'entendre appeler "jeune homme", ça m'a fait rigoler. Quoique, en y réfléchissant, ce n'était pas si con. On peut me trouver jeune ou vieux, c'est selon. Tout dépend de celui qui me parle. C'est normal : tout est relatif - qui n'est tel que par rapport à une autre chose.
Pour une aussi vieille personne, j'étais jeune, c'est certain, en plus que ça soit relatif.
Quand je me suis assis à côté d'elle, j'ai vu que c'était vraiment une toute petite grand-mère. On dit parfois des expressions comme "haute comme trois pommes", sans y penser. Mais dans son cas, ce n'était pas exagéré : ses pieds ne touchaient pas par terre. Alors que moi je suis toujours obligé d'allonger mes grandes cannes, loin devant."....


9 commentaires:

  1. Oh! quel surprise , je suis allée mardi voir le film ,quel merveille j'ai adoré.
    Emouvant pour toi ces souvenirs.
    Bon week end aussi.

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  2. Ah! Réminiscence de la petite enfance, nous gardons très peu des souvenir de note prim'enfance, c'est dommage !
    Ce doit être une jolie histoire agréable à lire...
    Bonne soirée A +

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  3. j aime ton blog tes recits tu es une de mes perles du net ;O)

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  4. C'est assez incroyable en effet, il est peut-être bon d'en faire part au réalisateur...après avoir visionné le film

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  5. et en plus votre couple fait beaucoup plus jeune -)

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  6. J'aime beaucoup la photo de toi petite....
    Quel dommage, je ne pourrai sans doute pas voir ce film: les films francais, ici, c'est plutot rare au cine !

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  7. Tres amusant le contraste entre des deux photos. te voila maintenant (presque) celebre ;-)

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  8. Joli souvenir, je te comprends. J'ai très envie d'aller voir ce film, pour l'histoire qui me semble très tendre, le réalisateur qui est formidable et les acteurs, Depardieu, toujours aussi génial quel que soient ses rôles et Suzanne Flon, tellement émouvante.
    Mais tu me donnes encore plus l'envie de lire le livre, d'autant que c'est mieux de le lire avant d'aller voir le film.
    A plus,

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  9. Bonjour, j'ai vu ce film, il est magnifique!!!!
    bon après midi

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